COURS DE
TECHNIQUES IMMUNOLOGIQUES


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Chapitre I - Les immunoglobulines          
           
            I - 1 - L'unité de base:
            I – 2 – Dualités structurale et fonctionnelle :
            I - 3 - Classes et sous classes des immunoglobulines :

           
I – 4 – Bases génétiques et synthèse des immunoglobulines :
        
I – 4 - 1 – Aspects cytologiques :

            I - 4 – 2 – Aspects biochimiques :
            I - 4 - 3 - Aspects génétiques :
            I
– 5 – Spécificités antigéniques des immunoglobulines
            I
– 6 – Superfamille des immunoglobulines :
            I
– 7 - Dynamique de la réponse immunitaire à médiation humorale :
         
            I - 7 – 1 - Les mécanismes de la production des immunoglobulines
            I - 7 – 2 - La réponse humorale :
                   

Les anticorps sont des glycoprotéines présentes dans le plasma, les liquides interstitiels et les sécrétions des mammifères. Ces immunoglobulines « circulantes » sont en tous points identiques à l’immunoglobuline de surface du LcB, à l’exception d’une portion membranaire présente sur l’Ig ancrée sur le Lc et qui disparaît dans l’anticorps correspondant sécrété par le plasmocyte.

I – 1 – L’unité de base :                                                                                            

Les immunoglobulines sont des glycoprotéines douées d'activité anticorps, produites par les LcB et excrétées par leur descendance plasmocytaire.

Elles possèdent deux extrémités variables identiques et propres à chaque Ig, et une portion constante définissant cinq classes principales: IgG, IgA, IgM, IgD et IgE. Toutes, en dépit de leur très grande hétérogénéité, sont bâties sur un modèle de base commun et comportent 4 chaînes polypeptidiques groupées en deux paires identiques de taille inégale:

- Deux chaînes lourdes identiques (H : heavy) : elles sont spécifiques pour chaque classe d’Ig : cinq isotypes (gamma, alpha, mu, delta et epsilon) définissent respectivement les 5 classes d'Ig: IgG, IgA, IgM, IgD et IgE.

- Deux chaînes légères identiques (L : light) Elles sont communes à l'ensemble des classes d'Ig, mais on en distingue 2 types antigéniquement différents: le type kappa et le type lambda. Dans une molécule donnée d'Ig les deux chaînes légères sont toujours du même type.

Les molécules les plus simples (de formule moléculaire H2L2) visualisées au microscope électronique se présentent sous la forme d’un «Y» dont les bras peuvent s’ouvrir à 180°. Cette plasticité est assurée par une région dite «charnière».

Dans la molécule d’Ig, chaque chaîne «H» est unie à l’autre et à une chaîne «L» par des liaisons covalentes de type pont disulfure (S-S) intra- et inter-caténaires, et non covalentes: ioniques, hydrogènes, électrostatiques, hydrophobes …etc. Sur le squelette polypeptidique des immunoglobulines sont greffés des résidus osidiques (glucosamine, acide sialique …).


I – 2 – Dualités structurale et fonctionnelle :                                                                

Les molécules d’immunoglobulines sont caractérisées par une dualité fonctionnelle qui repose sur une dualité structurale:

- La fonction de reconnaissance, exprimée par la partie amino-terminale, est une région variable d’une immunoglobuline à l’autre, destinée à distinguer de façon spécifique un nombre illimité d’antigènes différents.

- La fonction effectrice, exprimée par la partie carboxy-terminale relativement  constante, est impliquée dans la liaison de ces anticorps appelés cytophiles avec les différentes cellules du système immunitaire (cellules mononucléées, neutrophiles, mastocytes, basophiles, plaquettes et lymphocytes T et/ou B). La fonction effectrice est aussi représentée par la fixation au complément (groupe de protéines sériques à activité enzymatique qui interviennent dans les réactions inflammatoires en association avec les IgM et les IgG sauf les IgG4).

I – 3 – Classes et sous classes des immunoglobulines :                                                

On distingue chez les mammifères cinq classes d’immunoglobulines qui diffèrent par leur poids moléculaire (PM), leur charge, leur composition en acides aminés et en sucres et de ce fait par leurs fonctions (voir tableau ci-dessous).

(Réalisation du tableau référencé : devoir à faire pour la séance de TD).

 

Tab. Propriétés et caractéristiques des 5 classes d’Ig

 Les IgG: majoritaires, exclusivement monomériques, elles interviennent dans la réponse secondaire. Leur fonction essentielle est la neutralisation des toxines bactériennes. Chez l’homme, toutes les IgG franchissent la barrière placentaire et confèrent au nouveau-né une immunité passive. Elles sont cependant synthétisées chez le fœtus dès la douzième semaine mais à un taux si infime que l’on peut considérer qu’à la naissance les immunoglobulines sont quasiment toutes des IgG d’origine maternelle.

Les IgA: elles sont en général (plus de 80 %) monomériques mais peuvent exister simultanément dans le sérum sous des formes polymères (di, tri, tétra ou même pentamères) reliées entre elles par la chaîne J. Ces protéines reliées par une pièce sécrétoire sont majoritaires dans les sécrétions séro-muqueuses telle que la salive, les sécrétions trachéo-bronchiques, le colostrum, le lait et les sécrétions génito-urinaires.

Les IgM: elles sont sous forme pentamérique dans le sérum et sont majoritaires parmi les anticorps précoces dirigés contre les agents infectieux. Elles sont synthétisées chez le fœtus dès la dixième semaine mais à un taux infime.

Les IgD: elles sont monomériques et ont un rôle éventuel dans l’induction par l’antigène de la différenciation du lymphocyte.

Les IgE: elles sont également monomériques et interviennent surtout dans les processus allergiques et l’immunité antiparasitaire contre les helminthes. 

I – 4 – Bases génétiques et synthèse des immunoglobulines :                                            

Le nombre de structures différentes que le système immunitaire est appelé à reconnaître est extrêmement élevé. Pour la réponse humorale on estime que la taille moyenne d'un clone est d'environ 103 cellules, ce qui fait que les 1011 lymphocytes B présents à un instant donné sont capables de produire 108 molécules d'anticorps différentes. Le problème qui se pose est de savoir comment le système immunitaire peut générer une telle diversité, puisque le nombre total de gènes chez l'homme se situe aux alentours de 5. 104 pour l'ensemble du génome.

I – 4 - 1 – Aspects cytologiques :                                                                         

Dans les LcB jeunes dits pré-B, on trouve en immunofluorescence de l'IgM exclusivement dans le cytoplasme, ou plus précisément des chaînes lourdes µ seulement, puis au fur et à mesure de la maturation cellulaire les Ig s'expriment à la surface de la cellule (IgS) ancrées dans la membrane, servant de récepteurs spécifiques d'antigènes (BcR). Certains LcB à un moment donné de leur existence peuvent posséder simultanément des IgS de plusieurs classes, c.-à-d. plusieurs isotypes : IgM, IgD, quelquefois IgG. Il s'agit de cellules en train d'opérer la commutation, le "Switch".

Mais il est important de noter que dans ces cas la spécificité idiotypique, portée par les parties variables des chaînes d'Ig, reste rigoureusement la même pour les diverses IgS d'un lymphocyte donné. Par contre un clone de plasmocytes, provenant de la division et de la différenciation d'un LcB activé, ne porte plus d'IgS mais sécrète activement un grand nombre de molécules d'Ig toutes de même isotype, même allotype, même idiotype.

I - 4 – 2 – Aspects biochimiques :                                                                        

La synthèse des Ig obéit aux règles générales de la synthèse des protéines; on a pu isoler des ARN messagers de deux tailles différentes : les uns codant pour les chaînes lourdes, les autres plus courts codant pour les chaînes légères. Ces chaînes d'Ig transitent nécessairement par le corps de Golgi où les glycosyl-transférases attachent en des points et selon une séquence bien déterminée les groupements prosthétiques glucidiques. Les Ig achevées quittent le plasmocyte par un processus de pinocytose inverse. En ce qui concerne les Ig polymères (IgM, IgA sécrétoire) l'assemblage des sous-unités se fait essentiellement à la phase finale, juste au moment du franchissement de la membrane plasmique. La chaîne J, elle-même synthétisée par le plasmocyte.

I – 4 – 3 – Aspects génétiques :                                                                          

A partir de 1975 les spécialistes de la biologie moléculaire, Tonegawa en tête, se sont attachés à décrire l'organisation des gènes d'immunoglobulines d'abord des souris puis de l'homme. Les gènes des différentes chaînes d’immunoglobulines ont été localisés : sur le chromosome 14q32  pour les chaînes lourdes, sur le chromosome 2p12 pour les chaînes et sur le chromosome 22q11 pour les chaînes.

L'étude comparative attentive, aidée d'ordinateurs (bioinformatique), de nombreuses séquences disponibles de chaînes lourdes et légères, révèle que les parties variables V sont nécessairement raccrochées à des parties constantes C ; de même il existe un système indépendant du précédent pour V et C. Par contre, les parties VH peuvent se trouver associées à n'importe quelle partie constante de chaînes lourdes, c-à-d C , C, C, C, C (sans mentionner en réalité les sous-classes correspondantes).

Il est donc particulièrement remarquable que les régions Vh sont communes et que l'individualisation des classes provient exclusivement de la structure de la région constante de leur chaîne lourde. Chaque domaine (VH, VL, C, C, C, etc...) est codé par un fragment génique. Ces fragments sont éloignés et non transcrits dans l'ADN génomique. Uniquement dans le lymphocyte B qui se différencie ces gènes vont être rapprochés (réarrangés) pour être transcrits et formés un ARN messager primaire. Ce processus semble d'ailleurs assez général pour diverses protéines et valable également pour les chaînes du récepteur des LcT.

On est ainsi arrivé à la conclusion que la diversité des anticorps reposait sur des mécanismes de codant pour la quasi totalité N-terminale de la région V et des recombinaisons génétiques entre fragments géniques. Il a été montré que l'obtention d'une région variable complète nécessitait le rapprochement de deux fragments géniques pour les chaînes légères et de trois pour les chaînes lourdes. En effet, pour les deux types de chaînes, on décrit des gènes Vgènes J (pour jonction) pour la dizaine d'acides aminés C-terminaux de liaison avec le premier domaine constant. Uniquement pour les chaînes lourdes existe un troisième type de fragment génique, des gènes D (pour diversité), codant pour quelques acides aminés, entre les produits des gènes V et des gènes J.              

Pour les chaînes légères :

Dans le lymphocyte B immature alors que les chaînes lourdes sont déjà apparues on assiste à un phénomène de translocation c'est-à-dire à un rapprochement au hasard d'un des gènes V de l'un des gènes J avec élimination de la partie intermédiaire. Cet ensemble VJ-C sera transcrit en un ARN messager primitif intra-nucléaire beaucoup plus long que l'ARN messager définitif cytoplasmique. Entre les deux un processus d'épissage ("splicing") aura rapproché VJ de C, cet ensemble sera finalement traduit au niveau du polysome cytoplasmique en une chaîne légère finale (laquelle s'assemblera, on l'a déjà dit, dans l'ergastoplasme à la chaîne lourde qui vient de naître pour former l'immunoglobuline entière).

On distingue donc quatre étapes conduisant à la production de chaînes légères pour le lymphocyte B. Dans l'ADN en configuration germinale (ou embryonnaire) une recombinaison somatique rapproche un gène V d'un gène J avec excision de l'ADN intercalaire. La deuxième étape de transcription conduit à un mARN primaire de l'ensemble V-J-intron-C. La troisième étape d'épissage élimine l'intron et aboutit à un mARN mature qui est finalement traduit en chaîne polypeptidique par la quatrième étape.

Pour les chaînes lourdes :
Comme on l'a déjà dit il n'existe qu'une seule grande famille de gènes VH, tous situés sur le chromosome 14 chez l'homme de même que les gènes commandant aux diverses parties constantes. Mais la variabilité est ici accrue, apportée non seulement par l'existence de gènes J différents des précédents, mais encore par des petits segments génétiques supplémentaires appelés D pour diversité. Tous ces groupements de gènes sont éloignés les uns des autres dans l'ADN primitif génomique et se rapprochent progressivement par des recombinaisons ou translocations successives pour être finalement traduits en chaînes lourdes au niveau des lymphocytes B. C'est ainsi que dans le lymphocyte pro-B s'opère le premier réarrangement des gènes des chaînes lourdes, plus précisément de la chaîne lourde µ qu'on trouvera synthétisée à l'intérieur du lymphocyte pré-B.

Il y a d'abord rapprochement, au hasard, d'un gène D et d'un gène J, puis l'un des gènes VH se rapproche de D formant ainsi un complexe VDJ qui reste au début éloigné des gènes des parties constantes C. Le rapprochement se fera au niveau de l'ARN messager primordial par un phénomène d'épissage comparable à celui décrit pour les chaînes légères et au niveau de l'ARN messager final opérationnel cytoplasmique on aura bien la séquence VDJC traduite en la chaîne lourde correspondante. Comparativement aux chaînes légères il existe donc une étape supplémentaire pour les chaînes lourdes puisqu'il existe deux réarrangements : d'abord D-J, puis V-DJ.

 

 


Enzymes du réarrangement :

Ils sont le fait d'une recombinase (endonucléase et ligase) qui reconnaît des signaux spécifiques en 5' et en 3' des gènes D, en 3' des gènes V et en 5' des gènes J. L'ADN intermédiaire est éliminé par délétion sous forme de boucle d'excision, qui sont dégradées : l'information génétique comprise entre les deux segments géniques rapprochés par recombinaison est définitivement éliminée.

La recombinase est une enzyme contenant sans doute 2 protéines se liant à l'ADN l'une qui reconnaît la première séquence signal avec son espaceur de 12 paires de base et l'autre la seconde séquence signal avec l'espaceur de 23 paires de base. Deux gènes ont ainsi été isolés et appelés RAG-1 et RAG-2 (pour "recombinase activating gene"). D'autres protéines, Ku70, Ku86 et une protéine kinase ADN-dépendante interviennent également dans les mécanismes de recombinaison.

La  recombinase V(D)J n'est active que dans les lymphocytes B et T, ce que traduit la spécificité d'expression tissulaire des gènes RAG-1 et RAG-2. Les autres composants de la recombinase (exonucléase, ligase, polymérase...) sont exprimés dans tous les tissus.

Mécanisme du "Switch" :

Une fois obtenus, les réarrangements fonctionnels d'une chaîne lourde (VDJ) et d'une chaîne légère (VJ), dont l'association définit une spécificité anticorps, sont définitifs et caractérisent un clone lymphocytaire. Cependant au niveau du locus IgCH, sur le chromosome 14, le gène réarrangé VDJ a la possibilité de s'apparier avec différents gènes codant pour les parties constantes.

Sur le chromosome 14, chez l'homme, à la suite des gènes codant pour les parties variables on trouve une série de 11 gènes pour les parties constantes à savoir dans l'ordre de 5' vers 3' µ, 3, 1, 1, 2, 4, 2 (les gènes et  sont des pseudogènes et ne sont pas exprimés). Chaque gène est précédé d'une séquence dite "Switch" ou de commutation qui permet à l'ensemble VDJ de "s'accrocher" à un gène C différent.

Les régions S sont composées de séquences répétées en tandem du type (GAGCT)n. On comprend bien étant donné la place toute initiale du gène Cµ la raison pour laquelle c'est précisément l'isotype IgM qui s'exprime en tout premier. On constate qu'une telle séquence "switch" n'existe pas en avant du gène C expliquant ainsi la présence très fréquente simultanée d'IgM et d'IgD à la surface du même lymphocyte B au début de sa carrière, avant qu'il ne soit déterminé en isotype définitif en fonction de l'antigène et des signaux "helper" reçus des lymphocytes T.

Le lymphocyte B immature n'exprime qu'une IgM membranaire. Ultérieurement la coexpression de l'IgM et de l'IgD définit le lymphocyte B mûr naïf, qui représente 70 % des petits lymphocytes B sanguins. Après stimulation par l'antigène, ces lymphocytes perdent l'expression de l'IgD pour beaucoup, devenant, soit des plasmocytes sécréteurs d'IgM ou de rares lymphocytes mémoire, soit pour une infime minorité perdent leur IgM et deviennent des plasmocytes à IgD.

Après stimulation par l'antigène, le lymphocyte B qui exprime une IgM de membrane peut se différencier en plasmocyte sécréteur d'IgG, d'IgA ou d'IgE.

 

 

 

Les lymphocytes T jouent un rôle important dans la commutation, grâce aux cytokines qu'ils sécrètent et aux contacts qu'ils établissent avec les lymphocytes B. Les cytokines agissent en stimulant ou en réprimant les régions S. Ainsi l'IL-4 favorise la synthèse de l'IgE et de l'IgG4, alors que le TGF ("transforming growth factor ) stimule la synthèse d'IgA. Les contacts cellulaires entre le lymphocyte B et le lymphocyte T pour permettre cette commutation sont assurés par un couple de molécules spécifiques (respectivement CD40 et son ligand, CD40L ou CD154).

La preuve en est fournie par le très rare déficit de l'immunité humorale avec hyper-IgM, qui se traduit par une absence d'IgG et d'IgA contrastant avec un taux élevé d'IgM, secondaire à un défaut de commutation consécutif à l'absence de CD40L fonctionnel sur le lymphocyte T.

  Facteurs impliqués dans commutation de classe vers les IgE

Raif S. Geha Nature Reviews Immunology 3, 721-732 (2003)

I – 5 – Spécificités antigéniques des immunoglobulines :                                                                         

Les immunoglobulines sont des glycoprotéines de haut poids moléculaire et de structure complexe. Ce sont donc d’excellents antigènes; Et comme tout antigène, ils possèdent des déterminants antigéniques répartis en trois types :

- Déterminants isotypiques : présents chez tous les individus d’une même espèce. Ils correspondent aux motifs définissant les classes et sous-classes des Ig, ainsi que les 2 types de chaînes légères.

- Déterminants allotypiques : propres à un groupe d’individus au sein d’une même espèce. Ils sont représentés par des marqueurs ponctuels situés sur les parties constantes des Ig. Ils constituent des systèmes tels les marqueurs : Km, Gm, A2m …

- Déterminants idiotypiques : ce sont des spécificités individuelles de chaque immunoglobuline reflétant la séquence et la conformation des régions variables des chaînes lourdes et légères. Caractéristiques du site Ac, ils confèrent une antigénicité à chaque fois différente.

 

Les trois niveaux d’hétérogénéité des immunoglobulines

 
I – 6 – Superfamille des immunoglobulines :                                                          

On sait aujourd’hui que certaines molécules membranaires, importantes pour le système immunitaire, possèdent une organisation analogue à celles des immunoglobulines, et des séquences semblables d’acides aminés. C’est le cas notamment des récepteurs des lymphocytes T « TcR » et d’un antigène commun aux cellules du cerveau et aux lymphocytes T , appelé antigène «Thy-1», ainsi que les protéines du CMH, de classe I et de classe II, la b2 microglobuline, le CD4, …etc.

Schéma représentant quelques membres de la superfamille des Ig


I – 7 - Dynamique de la réponse immunitaire à médiation humorale :                                  

 

I - 7 – 1 - Les mécanismes de la production des immunoglobulines :                                    

Les processus de la réponse humorale sont différents selon qu’il s’agisse d’Ag thymodépendants (TD) ou thymoindépendants (TI). Dans les deux cas, les LcB reconnaissent l’Ag intact dans sa forme native par les immunoglobulines M (IgM) membranaires; cette interaction précède les trois autres étapes de la réponse immunitaire: l’activation, la prolifération et la différenciation du Lc B aboutissant à la production d’anticorps (Ac). Lorsque l’antigène est TD, il est reconnu séparément par les lymphocytes B et T helper (LcTh) qui doivent obligatoirement coopérer pour parvenir à stimuler la prolifération et différenciation lymphocytaires.

A – Pour les antigènes T-dépendants :

La majorité des Ag induisent une reconnaissance mixte, à la fois par les cellules B et T : Ce sont les Ag T dépendants. L’antigène est phagocyté par une cellule présentatrice d’Ag (CPAg), tel un macrophage, qui après l’avoir internalisé et dégradé en partie, va l’analyser et en extraire des peptides hautement antigéniques. Il va ensuite les exprimer à la surface de sa membrane, associés aux antigènes CMH de classe 2. Il les présente ainsi aux LcTh, qui, de leur côté, possèdent un récepteur spécifique de l’antigène en question et des produits de classe 2.

D’une part, cette reconnaissance, combinée à la production d’IL-1 par le macrophage, va constituer un signal intercellulaire d’activation ayant plusieurs effets : le LcTh va se mettre à produire de l’IL-2, qui va créer une boucle autocrine de rétro-contrôle positif sur sa propre production, ce qui va faciliter la reconnaissance de l’antigène, puis le LcTh va se diviser en une cellule mémoire et une cellule effectrice, qui elles mêmes vont se diviser…. C’est l’expansion clonale.

D’autre part, le LcTh (cellule effectrice) va par la suite aller à la rencontre d’un LcB qui a reconnu l’antigène grâce à une Ig de surface. Il va produire les facteurs helper (dont IL-2 fait partie) qui vont activement participer à la prolifération clonale du LcB, avec apparition de cellules filles « mémoire » et de cellules filles effectrices, qui vont se différencier une ultime fois en plasmocytes et produire des Ig.

 

Ainsi, il existe 2 signaux d’activation faisant intervenir des déterminants antigéniques distincts :

* Le 1er : résulte de la fixation d’un Ag sur le récepteur : Ig de mb des lymphocytes B.

* Le 2ème : provient des cellules T helper, qui reconaissent l’Ag présenté par les CPA associé aux produits classe I du CMH et par l’intermédiaire du récepteur à l’Ag : TCR. Ces cellules T activées agissent soit en produisant des facteurs solubles, soit par contact direct avec les lymphocytes B : dans ce cas ce sont les L B qui présentent l’Ag aux T helper.

B – Pour les antigènes T-indépendants :

Il existe un petit nombre d’Ag capables d’activer les Lc B sans l’aide des Lc T et sans passer par les CPAg. Ces Ag T indépendants sont caractérisés essentiellement par leurs déterminants antigéniques répétitifs (ils sont constitués de grosses molécules polymérisées), et le fait qu’ils n’induisent pas de maturation de la RI (qui se traduit lors d’une réponse secondaire par un passage à l’isotype IgG et par une augmentation de l’affinité).

Le système est donc plus rapide : le LcB, avec ses Ig membranaires, va reconnaître les déterminants antigéniques, ce qui va conduire à l’activation du LcB, et induire sa prolifération et sa différenciation en plasmocyte producteur d’Ig.

 I - 7 – 2 - La réponse humorale :                                                                        

A la suite d’un premier contact antigénique, un organisme élabore une réponse immunitaire primaire. Quand la mémoire immunitaire est établie, tout contact ultérieur, avec le même antigène, produit une réponse secondaire. Cette mémoire persiste en général très longtemps, plusieurs mois chez la souris et plusieurs années chez l’Homme. La mémoire immunitaire repose sur l’expansion sélective des clones spécifiques de l’antigène après la première stimulation.

Lors d’un premier contact avec un antigène donné, ce sont les IgM qui apparaissent en premier, car elles sont plus efficaces et sont capables d’activer le complément. On a donc une croissance exponentielle de la production d’IgM, puis un plateau, puis une décroissance. Au bout de 14 jours la quantité d’IgM circulantes est revenue à son niveau initial.

Lors d’un second contact avec le même antigène, ce sont cette fois les IgG qui apparaissent les premiers, avec une augmentation forte et rapide, puis elles maintiennent leur taux assez longtemps. Il y a donc une augmentation accrue de la production d’IgG (à condition que l’antigène présenté soit T dépendant) car il y a lors de la réponse secondaire, une commutation de classe : production d’IgG plutôt que d’IgM, IgG à très forte affinité vis-à-vis de l’antigène. Ceci reflète l’existence d’une mémoire immunitaire.

A - Réponse humorale primaire (à la suite d’une première stimulation antigénique) : La réponse primaire passe par trois phases:

- une phase de latence de plusieurs jours (dizaines) pendant laquelle aucun anticorps n’est décelable;

- une phase de croissance où la concentration sérique des anticorps spécifiques (essentiellement des IgM) augmente de façon exponentielle (logarithmique)

- une phase dite en plateau où, comme son nom l’indique, les anticorps sériques restent en quantité à peu près constante;

- une phase de décroissance où la concentration sérique en anticorps décroît plus ou moins rapidement en fonction de leur dégradation naturelle (catabolisme) ou de leur fixation sur l’antigène.

NB : On peut avoir de faibles quantités d’IgG produites à la fin de cette période.

B - Réponse humorale secondaire : Par rapport à la réponse primaire, la réponse secondaire présente:

- Une période de latence plus courte;

- Des niveaux maximaux d’anticorps nettement plus élevés (10 fois plus);

- Une phase en plateau plus prolongée et une période de décroissance plus lente;

- Une proportion nettement plus grande en anticorps de classe IgG qu’IgM (Ag TD);

- Une affinité plus élevée des anticorps (augmentation de l’affinité = intensité des forces de liaison).

 

 Remarques :

- Lorsqu’il s’agit d’antigènes TI, les anticorps produits dans la réponse primaire sont de classe IgM à faible concentration et d’apparition précoce. Dans la réponse secondaire ce sont toujours des IgM à faible concentration avec des cellules B à mémoire en nombre faible.
- Les animaux ainsi que l’Homme produisent des anticorps dits « naturels » présents dans le sérum en dehors de toute immunisation. En fait, ces anticorps sont produits en réponse à des stimulations antigéniques multiples par des antigènes bactériens, viraux ingérés ou inhalés de façon répétée.


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Auteur :
Mme BOUMENDJEL-Messarah Amel
(email : amelibis@yahoo.fr)
Docteur en immunologie. Maître de conférences (A)
Laboratoire de Recherche en Biochimie et Microbiologie Appliquées. Unité d’immunologie. Département de biochimie. Faculté des Sciences.
Université Badji Mokhtar d’Annaba (Algérie).